Voici les tops et les flops des différents essais politiques.
Trois précisions préalables qui n’engagent que moi.
Tout d’abord, j’ai inséré les ouvrages qui ont été publiés en 2009. En effet, un essai politique peut raisonnablement s’analyser et être digéré au bout de deux années. Mais au niveau des ventes, dans la très grande majorité des cas, nous savons assez rapidement si le livre va marcher ou pas.
Par ailleurs, certains auteurs ne sont pas des « politiques » mais leur ouvrage est considéré comme un essai politique car traitant de la société et de la chose publique.
Enfin, même si certains ouvrages font un chiffre de vente médiocre, la publication d’un essai politique est toujours indispensable dans une société démocratique car le débat est important et enrichissant lorsqu’il s’agit de parler du fond. Il existe pourtant quelques techniques afin d’améliorer les ventes d’un ouvrage car un éditeur doit aussi faire des affaires afin de rentabiliser son investissement.
Ainsi, un ouvrage politique doit réunir trois promesses : l’auteur (notoriété, charisme, mandat, fonction, expérience, vécu,…), le sujet du livre (fait de société, pamphlet, document, révélations, témoignage, polémique,…) et un plan média conséquent.
Les trois promesses doivent obligatoirement être réunies en même temps.
Ajouton enfin que nous parlons de « best seller » dans le langage d’éditeur lorsque l’essai politique dépasse largement les 10000 ventes. Entre 5000 et 10000 ventes, il s’agit d’un score raisonnable. En dessous, c’est un échec.
Les Best-sellers :
Top du top, l’ouvrage de Jacques Chirac, avec « chaque pas doit être un but » aux éditions du Nil, a dépassé les 300000 ventes. Les mémoires de l’ancien chef d’Etat prouvent que les français l’aiment toujours.
Autre énorme best-seller de l’année 2010, Eric Zemmour a publié « Mélancolie Française » aux éditions Fayard. L’ouvrage s’est vendu a plus de 100000 exemplaires. Cela signifie que le débat sur l’identité nationale est un sujet fort qui préoccupe les français et ce thème fera encore écho pour la prochaine élection présidentielle de 2012. N’en déplaise à la « pensée unique »…
Dans la catégorie, « plus je tape fort sur le Président de la République et meilleur sera ma promotion », François Bayrou avec « Abus De Pouvoir » (Plon publié en 2009) a vendu plus de 65000 exemplaires de son livre. un véritable best-seller.
Dans la même catégorie, Dominique de Villepin avec « De L’esprit De Cour – La Malédiction Française » (chez Perrin publié en 2010) a vendu 12000 exemplaires. Cela signifie que Dominique de Villepin et François Bayrou ont un écho dans la population française.
Plus mitigé la publication de « Lettre à La Jeunesse » de Rama Yade (Grasset Et Fasquelle en 2010) mais qui vend tout de même 7000 exemplaires de son ouvrage. Honorable donc.
Avec « Des Idées Et Des Rêves » (très bon titre par ailleurs), Arnaud Montebourg a dépassé les 5500 ventes de son ouvrage publié chez Flammarion en novembre 2010. Une étoile montante de la gauche.
L’infatigable Ségolène Royal a eu un beau succès avec « Femme Debout » (Entretiens Avec Françoise Degois chez Denoel en 2009) avec 18000 ventes.
Le nouveau patron de l’UMP, Jean-François Copé, avec « Un député, ça Compte énormément ! » (Albin Michel en 2009) a dépassé les 7000 ventes. Il doit donc encore travailler afin d’être mieux écouté, lu et pas seulement entendu.
Eva Joly avec »Des Héros Ordinaires ; Itinéraires D’hommes Remarquables » (Les Arènes en 2009) a dépassé les 10000 ventes. Ce qui est un bon score et un point de départ intéressant en vue de sa candidature aux prochaines élections présidentielles.
On constate qu’il vaut mieux être hors du gouvernement pour être dans les meilleures ventes. Paru fin septembre 2010, le livre de Martin Hirsch (« pour en finir avec les confits d’intérêts » chez Stock) affiche plus de 11000 exemplaires vendus.
Parus une semaine plus tard, le livre de Jean-Luc Mélenchon (« Qu’ils s’en aillent tous » chez Flammarion) est une vraie réussite avec plus de 22000 ventes.
L’ancien Premier Ministre de François Mitterrand, Michel Rocard, affiche une belle réussite avec près de 12000 ventes pour le livre « si ça vous amuse » (Flammarion).
Enfin, Abd Al Malik. S’il n’est évidemment pas un homme politique mais un brillant artiste et un bon écrivain, il fait de la Politique à sa façon. Son ouvrage que j’ai eu l’honneur de publier a remporté le Prix Edgar Faure 2010 qui récompense le meilleur livre politique de l’année. L’ouvrage, publié au cherche midi éditeur, a dépassé les 25000 exemplaires.
Les échecs :
Les échecs sont nombreux.
A commencer par « Tu Viens ? » de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) qui n’a vendu qu’un très faible 4200 livres aux éditions Gallimard en 2009. NKM que j’avais publié aux éditions Ramsay avec Jérôme Peyrat pour « les petits matins » (en 2002 déjà…) doit porter un message sans langue de bois. Elle est trop lisse et les libraires s’en aperçoivent très vite.
Les flops touchent de gros poissons dans le gouvernement ou dans l’opposition. Par exemple, Cécile Duflot, qui publiait en 2010 son premier livre (« Apartés », entretiens avec Guy Sitbon aux éditions Les Petits Matins), n’a vendu que 850 exemplaires de son ouvrage. Je lui conseille de prendre de la hauteur et de faire plus de signatures afin de vendre plus efficacement son prochain livre.
Autres échec à gauche, « Si j’étais Président… » de Jean-Louis Bianco (Albin Michel), paru en septembre 2010 chez Albin Michel, culmine à 1 500 ventes environ.
Ex de gauche et parfois trop à droite de la droite, le livre d’Eric Besson censé introduire le débat sur l’identité nationale (« Pour la nation », Grasset en 2010) est un bide total (1700 exemplaires).
Concernant la publication de deux ministres du gouvernement en 2010 (Valérie Pécresse et Chantal Jouanno), c’est également une déception. En effet, « Et si on parlait de vous » ? », le livre de Valérie Pécresse paru en janvier à L’Archipel, n’a pas dépassé les 600 ventes.
Quant à Chantal Jouanno (« Sans tabou », La Martinière), paru fin septembre 2010, elle n’a pas trouvé plus de 350 lecteurs.
Autre énorme flop, Flammarion, qui aura publié des best-sellers de personnalités politiques, figure aussi en queue de classement. Notamment avec l’ouvrage signé par Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, qui ne compte que 300 ventes.
Enfin, deux autres échecs concernant deux bloggers que je trouve talentueux et intelligent mais qui doivent encore améliorer leur approche avec le livre grand public. On ne s’adresse pas à la France comme on s’adresse à une caste ou à des initiés.
Le premier est Nicolas Vanbremeersch (alias Versac ou Meilcour) pour la publication de son ouvrage « De La Démocratie Numérique » aux éditions du Seuil (2009) avec un petit 360 ventes. Je lui ai expliqué que son livre était intelligent et intéressant mais trop élitiste et incompréhensible pour la population française. Le titre est trop universitaire et la couverture est moche. Enfin, si le sujet est intéressant, le plan média fut absent et il n’y a pas eu de débat. Ce qui est dommage. Le problème est que la démarche pédagogique doit se faire dans l’humilité afin que les profanes comprennent les enjeux du numérique. La prochaine fois certainement.
Le second est Vincent Ducrey avec « Le Guide De L’influence » publié en 2010 aux éditions Eyrolles. Cet ouvrage n’a pas dépassé les 1950 ventes. Cet échec est pourtant simple : encore une fois, la couverture n’est pas belle et le titre est beaucoup trop universitaire. Est-ce un guide ? Est-ce un essai ? Est-ce un témoignage ? Le titre est intéressant mais l’auteur n’a pas de vécu et aucune expérience. Les libraires n’ont donc pas été convaincus par le projet. De même, le lecteur n’est pas venu acheter l’ouvrage car le sujet n’a pas été suffisamment bien expliqué. Encore une fois, le plan média n’a pas été au rendez-vous et l’auteur n’a pas convaincu. Le livre est tout de même bien écrit.
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