Le marché du livre fonctionne de plus en plus à deux vitesses : les best-sellers rapportent toujours plus d’argent aux éditeurs, qui en perdent beaucoup sur les autres ventes. Mettre fin à cette situation dangereuse passe par l’autorisation de la publicité pour le livre à la télévision.
Dans cette période de mutation historique, les éditeurs doivent s’adapter et trouver de nouveaux moyens afin de promouvoir leurs ouvrages. Ainsi, l’édition française représente 27.316 emplois salariés qui sont répartis dans l’édition de livres et dans le commerce de détail en magasin spécialisé. Et c’est sans compter également sur tous les emplois situés autour de cette activité comme les collaborateurs externes dans l’édition ou encore les imprimeurs, les diffuseurs et les distributeurs. C’est donc un secteur d’activité influent.
Le marché du livre en 2010, c’est 268 millions d’ouvrages vendus neufs pour un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros (Ipsos). La littérature générale au grand format représente à elle seule 26% du chiffre d’affaires devant la jeunesse (17%), la littérature poche (16%), la bande dessinée (12%), les ouvrages pratiques (11%), les beaux livres (6%), les guides touristiques et les cartes (6%)… Si la littérature générale en grand format voit ses ventes progresser (les romans et les essais grand format se sont en effet bien vendus), les ventes de littérature au format poche accusent en 2010 un recul (-3% en volume). Le fonds surtout voit ses ventes fortement baisser (-5 % en volume) alors que la nouveauté progresse sensiblement (+ 1% en volume).
De même, il y a une baisse sur les marchés de la jeunesse, de la bande dessinée (albums et mangas), de guides touristiques et de beaux livres. Le constat est donc simple. L’édition française aujourd’hui, c’est un marché à deux vitesses : une minorité qui gagne de l’argent et qui va en gagner encore beaucoup plus, et la majorité qui stagne ou qui perd de l’argent et qui voit ses difficultés s’accélérer, au point de disparaître. Car en effet, le système s’est perverti. Un livre qui marche va marcher encore mieux en raison du système de la best-sellerisation et ceux qui vendent un peu moins ou pas beaucoup ne vendront quasiment plus. Autrement dit, nous assistons à la lente et progressive disparition de la classe moyenne de l’édition.
Alors, quoi faire ? D’abord, comme je l’ai toujours soutenu, il faut aider les éditeurs, les libraires et tous les points de vente à s’adapter à cette révolution numérique et à prendre le virage numérique, sous peine qu’ils disparaissent. C’est le rôle du politique, de réunir des états généraux du livre ou de créer un « Grenelle » car il y a urgence. Nous devons réformer ce système en profondeur.
Mais surtout, il faut aider la promotion des livres. Nous constatons d’abord qu’il n’y a plus de grandes émissions permettant de vendre des livres. Avec la crise que connaissent la presse écrite et la radio, les éditeurs doivent trouver d’autres moyens de promouvoir les livres. A ce jour, la publicité pour le livre est interdite à la télévision, du moins sur les grandes chaînes. Cette interdiction procède du constat que la publicité pour le livre est soit inopérante, soit porteuse d’effets pervers dangereux pour le livre lui-même.
En effet, le prix du spot télévisuel est trop élevé pour qu’il soit possible, et même tout simplement rationnel, de promouvoir d’autres livres que les best-sellers. La publicité irait donc aux livres qui en ont le moins besoin, ceux qui bénéficient de très gros tirages. Ce raisonnement a même été érigé par le Conseil d’Etat, qui a autorisé la publicité pour le livre sur les seules chaînes du câble et du satellite, au motif qu’il faut éviter de trop grands transferts de publicité de la presse vers la télévision, et afin d’éviter la concentration des messages publicitaires de télévision au bénéfice des sociétés d’édition les plus importantes. Mais il faut être ambitieux en la matière et ne pas rester sur ce simple raisonnement.
Cette décision n’est plus en accord avec notre réalité économique et médiatique. En effet, pour protéger les petits éditeurs et les libraires, le politique refuse d’aider un secteur fragile. L’édition française a pourtant besoin de cette fenêtre médiatique.
Je propose donc de voter une loi pour créer un quota de temps libre pour la publicité en faveur du livre, objet non pas commercial mais culturel. Afin de ne pas favoriser les éditeurs les plus riches concernant l’achat des spots de publicité, pourquoi ne pas proposer au Syndicat national de l’édition (SNE) d’organiser avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) une promotion équitable et juste entre tous les éditeurs ? De surcroît, il serait tout à fait envisageable de faire un échange marchandise. Enfin, pourquoi ne pas demander à l’Etat de débloquer un budget pour cette initiative ? Il est si simple d’interdire la publicité à la télévision et de refuser ce débat.
Le courage, c’est justement d’en parler et de l’organiser. Notre profession en a besoin, et d’urgence.
Month: septembre 2011
J’avais déjà donné quelques clefs concernant les astuces pour être publié sur le site E-Blogs Wikio.
Voici de nouveaux ces conseils afin de ne pas recevoir les mêmes erreurs.
Il faut savoir que je reçois près de 400 projets par mois. Et c’est toujours délicat de refuser ces projets face à des auteurs qui se sont donnés du mal. Je les respecte beaucoup.
Malheureusement, il y a beaucoup de refus. Et souvent parce que les auteurs n’ont ni les codes ni les astuces pour séduire l’éditeur.
C’est pourquoi, voici donc quelques clefs, trucs et astuces que je vais donner humblement et modestement.
1) Quels sont les raisons principales qui poussent à refuser un manuscrit ?
Je pense que la première chose qui pousse à refuser un texte est la présentation que l’auteur fait de lui-même ou oublie justement de faire. La deuxième est la qualité du texte qui laisse à désirer dans la plupart des cas et la troisième chose qui me tient le plus à coeur est la présentation du texte. Car présenter un manuscrit à un éditeur fait appel à des codes stricts et le manquement à une présentation impeccable est pour moi rédhibitoire.
2) Qu’est ce qui séduit dans un projet littéraire ?
Je crois que chaque projet littéraire doit correspondre à un sens profond du texte accompagnée d’une portée littéraire et d’un message fort. Donner du Sens à un ouvrage, à une création doit être le but ultime.
3) Conseil avant d’envoyer un manuscrit à un éditeur
D’une part, sur le plan de la forme, je ne dirais jamais assez d’aérer vos textes et de les rendre lisibles. Il est fortement conseillé de ne pas envoyer un texte manuscrit mais tapé à la machine, ou plutôt à l’ordinateur. Choisissez une police simple (Times, Arial, Book Antiqua), évitez toutes les polices fantaisies ! Préférez une taille de police de 12, éventuellement 14, jamais plus gros. La taille 10 peut-être tolérée dans le cas de longs ouvrages.
Choisissez un format A4, un interlignage de 1,5 afin d’aérer le texte et de permettre d’éventuelles notations. De même laissez des marges assez importantes, 2,5 cm en haut et en extérieur, 3cm en bas et 3cm en marge intérieure (pour la reliure). Pensez à numéroter vos pages : le numéro en bas, centré ou extérieur.
Plus votre manuscrit sera agréable à lire, plus il a de chance d’être accepté (lorsque l’éditeur ou le comité de lecture ouvre le manuscrit, il doit avoir envie de le lire, et ne doit surtout pas être découragé). Un manuscrit ne sera pas forcément refusé parce qu’il est mal présenté, mais convaincre l’éditeur sera un peu plus aisé.
D’autre part, concernant votre texte et donc sur le fond. Il ne faut jamais prendre par la main le lecteur et lui imposer une lecture. Je m’explique. Un auteur ne doit pas abuser des points d’exclamation dans une description. Au contraire, c’est par la description, par la narration et la mise en forme de l’histoire que le lecteur pourra être guidé. Ainsi, l’auteur doit se faire le plus discret possible.
Une astuce : Faites comme Jules Vallès pour son roman « l’Enfant ». Celui-ci utilisa son personnage principal, « Jacques Vintgras » (usage du même initial) pour conter sa propre vie.
4) Conseil bonus
Ne pas mettre de mots en gras ou avec une police différente uniquement pour attirer l’attention du lecteur.
Par ailleurs, un texte doit réunir environs 1500 à 2000 signes par feuillet (page), espace compris.
Ensuite, il faut relier le manuscrit par agrafage, baguette de serrage ou ressort. Il faut savoir que la plupart des éditeurs traditionnels ne lisent pas sur internet mais sur papier.
Enfin, l’auteur doit accompagner obligatoirement son projet d’une lettre de présentation et même d’un CV (biographie) s’il le faut. Il faut bien comprendre que l’éditeur ne vous connait pas…en général. De plus, n’oubliez pas d’y joindre un synopsis ou un plan détaillé afin de faciliter le travail de l’éditeur.
« Ceci », c’est le défibrillateur.
Je me suis engagé dans une association qui me tient à « coeur ». C’est le cas de le dire.
L’Association RMC/BFM, créée à l’initiative d’Alain et Isabelle Weill, a pour objet d’œuvrer en faveur de la prévention et de l’information en matière d’action médicale.
1er objectif : généraliser les défibrillateurs dans les lieux publics et les entreprises
Pour y parvenir , l’Association souhaite :
– sensibiliser les citoyens à l’utilisation simple mais vitale des défibrillateurs,- en promouvoir l’achat par les entreprises,- aménager le cadre réglementaire afin d’en doter les lieux publics au même titre que les extincteurs.
L’enjeu de cette action : sauver des victimes d’arrêt cardiaque
. Chaque année, les arrêts cardio-respiratoires extrahospitaliers sont responsables de près de 40 000 décès en France (soit environ 110 par jour*)
. Selon l’Inserm, une intervention rapide grâce au défibrillateur permettrait de sauver des milliers de vies chaque année
. En France, le taux de survie des victimes d’un arrêt cardiaque est actuellement estimé entre 2 et 3%*
. A Seattle, où l’installation des défibrillateurs est généralisée, le taux de survie est estimé entre 20 et 30%*
*Données Inserm, 11 mai 2005.
En achetant ce livre que nous venons de publier aux éditions du cherche midi, vous l’aiderez dans cette action.
40 000 personnes meurent chaque année d’un arrêt cardiaque extrahospitalier. 2 à 3 % sont sauvées en France, contre 30 % à Seattle aux États-Unis grâce à la présence de défibrillateurs dans les lieux publics et une bonne formation de la population. Cet enjeu de santé publique, qui s’inscrit dans une démarche citoyenne, doit être un objectif prioritaire pour l’avenir. Les chiffres sont éloquents :
• 70 000 défibrillateurs en 2011, contre 5 000 en 2008.
• 750 000 jeunes formés chaque année à la Journée d’appel de préparation à la défense.
• 200 000 téléchargements de l’application « Arrêt cardiaque » pour smartphone.
L’association RMC/BFM soutient la formation, la prévention et l’installation des appareils pour apprendre comment sauver une vie, redonner le souffle et faire renaître l’espoir.
À l’initiative del’Association RMC/BFM et de L’Oréal, la Charte du Cœur a été signée au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé.
Objectif : sensibiliser les salariés sur les risques cardiaques et les gestes de premiers secours, améliorer l’apprentissage de ces gestes et soutenir l’installation de défibrillateurs.
La « Charte du Cœur » créée par l’Association RMC/BFM et L’Oréal a été signée pour la première fois mardi 13 septembre 2011 au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé.
Placée sous le Haut Patronage de Xavier Bertrand, Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, la Charte du Cœur s’articule autour de trois axes : la sensibilisation des salariés aux risques cardiaques et aux gestes de premiers secours, l’apprentissage de ces gestes et l’installation de défibrillateurs.
A l’origine de ce projet, un constat : le décès de plus de 40 000 personnes d’un arrêt cardiaque extrahospitalier chaque année en France et le faible taux de survie des victimes (2 à 3% contre 30% à Seattle aux Etats-Unis), et la conviction qu’il est possible de faire mieux et de sauver chaque année plusieurs milliers de vies, à la condition que tous les acteurs ‑ publics comme privés- se mobilisent.
La Charte du Cœur vise donc à fédérer un maximum d’entreprises autour de cet enjeu de santé publique, créateur de dynamiques sociales et citoyennes.
Plus de 80 entreprises ont d’ores et déjà signé la Charte.
Les entreprises peuvent signer la Charte du Cœur sur Internet http://www.charteducoeur.com/
Voici Le livre à lire pour tout lecteur qui se respecte.
Stefan Zweig est un génie. Cette nouvelle ne fait que 116 pages (version roman aux éditions Stock) mais l’essentiel se trouve dedans. Pas d’artifice et un style haletant.
Le Joueur d’échecs (en allemand Schachnovelle) est une nouvelle de Stefan Zweig publiée à titre posthume en 1943. L’auteur l’écrivit durant les quatre derniers mois de sa vie, de novembre 1941 à son suicide, le 22 février 1942. La traduction française parut en Suisse en 1944 et fut révisée en 1981 (Jacqueline Des Gouttes).
Sur un paquebot s’opposent deux champions d’échecs que tout sépare : le champion en titre, d’une origine modeste mais tacticien redoutable (Mirko Czentovic) et un aristocrate qui n’a pu pratiquer que mentalement, isolé dans une geôle privée pendant la répression nazie (M.B.).
Tout les sépare sauf une dernière partie d’échecs…
Voici un livre d’un suspens poignant qui nous montre toute la fragilité de l’esprit humain, toute la perversion du rouleau compresseur nazi.
Socialement assez bizarre, proche du nihilisme, j’admire tout de même l’auteur pour son grand pacifisme et ses prises de position lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Quand ce texte paraît à Stockholm (Suède) en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s’est donné la mort l’année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années 40 lui apparaissait comme la négation de tout son travail d’homme et d’écrivain. « Le joueur d’échecs » est donc une confession à peine déguisée de cette désespérance.
Voici les derniers mots de Stefan Zweig, qu’il a écrit, avant son suicide :
« Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux« .
Stefan Zweig – Pétropolis, 22 février 1942