Lundi 31 octobre, nous serons 7 milliards d’habitants sur Terre (Système des Nations Unies, mené par l’UNFPA).
Ironie du sort, ça sera la journée de Halloween (fête des morts). Or, ce lundi 31 octobre 2011, un bébé (certainement indien) sera le 7 milliardième habitant de la planète Terre.
Nous serons 10 milliards en 2100.
7 milliards d’habitants, c’est le nouvel état de la population mondiale en 2011. En 1999, ce nombre a été de 6 milliards.
D’ici quelques années, 1 habitant sur deux résidera dans les grandes villes et agglomérations, tandis que 4 personnes vivront en Afrique.
La croissance démographique est donc un grand défi pour l’humanité.
Et 7 milliards sur une planète qui commence à s’essouffler, c’est une gestion importante qui devrait être effectuée ensemble. Car si le nombre de population est en constante augmentation, l’on parle alors de 200 000 naissances par jour, alors que le taux de mortalité est en baisse grâce aux efforts menés notamment dans la lutte pour l’amélioration et l’accès à la santé, ou encore dans l’amélioration des conditions de vie, il faudrait alors prévoir les infrastructures nécessaires pour accueillir et continuer à lutter contre l’inégalité et la pauvreté.
Parmi ces 7 milliards d’habitants, 1,8 milliards sont des jeunes de 10 à 24 ans.
Si les sociétés dans les pays développés sont vieillissantes, car on assiste à un vieillissement de la population, celles des pays en développement et les moins avancés sont confrontées à d’autres réalités. Cette jeunesse peut, soit devenir un frein au développement, ou alors devenir un fort potentiel de développement. Dans ce deuxième cas, et grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, les jeunes refaçonnent la culture, la société voire la politique globale de la mondialisation.
Il est temps d’investir sur les jeunes, de leurs donner les armes nécessaires pour devenir de vrais vecteurs de développement à travers l’éducation et l’emploi, pour réellement atteindre un développement durable.
Dans ce rapport, les experts mettent en garde face aux défis qui attendent le monde. Pour les pays les plus pauvres, les gouvernements vont être confrontés à la difficulté de trouver un travail à l’armada de jeunes qui arrivera sur le marché. Sans compter le réchauffement climatique, la sécheresse et l’explosion incontrôlée des mégapoles. Le Japon, comme d’autres pays riches, devra faire face au vieillissement de sa population. En Europe du Nord, le nombre des plus de 60 ans n’a cessé d’augmenter ces vingt dernières années, porté par une espérance de vie estimée à 80 ans, contre 54 ans en Afrique sub-saharienne.
A notre génération de relever tous ces défis de la mondialisation.
Evolution de la population mondiale
-100 000 : 0,5 million habitants-10 000 : 1 à 10 millions habitants-6 500 : 5 à 10 millions habitants-5 000 : 5 à 20 millions habitants400 : 190 à 206 millions habitants1000 : 254 à 345 millions habitants1250 : 400 à 416 millions habitants1500 : 425 à 540 millions habitants1700 : 600 à 679 millions habitants1750 : 629 à 691 millions habitants1800 : 0,813 à 1,125 milliard habitants1850 : 1,128 à 1,402 milliard habitants1900 : 1,550 à 1,762 milliard habitants1910 : 1,750 milliard habitants1920 : 1,860 milliard habitants1930 : 2,07 milliards habitants1940 : 2,3 milliards habitants1950 : 2,519 milliards habitants1955 : 2,757 milliards habitants1960 : 3,023 milliards habitants1965 : 3,337 milliards habitants1970 : 3,696 milliards habitants1975 : 4,073 milliards habitants1980 : 4,442 milliards habitants1985 : 4,843 milliards habitants1990 : 5,279 milliards habitants1995 : 5,692 milliards habitants2000 : 6,085 milliards habitants2005 : 6,5 milliards habitants2010 : 6,842 milliards habitants30 octobre 2011 : 7 milliards habitants2100 : 10 milliards habitants
Month: octobre 2011
La Foire internationale d’art contemporain (FIAC), s’est déroulée au Grand Palais à Paris du 20 au 23 octobre. C’est Le rendez-vous de l’Art, du Design et des Artistes.
La FIAC a encore gagné en qualité cette année. Les ventes ayant été plutôt bonnes en dépit de la crise financière.
La 38e édition, qui a duré quatre jours dont un réservé aux professionnels, a été particulièrement sélective, avec 168 galeries d’art moderne et contemporain contre 194 en 2010. Avec 68 % de galeries étrangères, le caractère international de la foire s’est encore accru. Mercredi 19 octobre, lors de la journée pour les professionnels (et inauguration), les collectionneurs étaient au rendez-vous, notamment les Américains plus nombreux que les années précédentes.
Par ailleurs, bravo pour la fréquentation à la hausse (près de 6% pour la plus grande foire française). Le monde qui attendait à l’extérieur était impressionnant.
La Fiac se place ainsi devant la Frieze Art Fair de Londres et juste derrière la grand messe suisse ArtBasel. La France tient donc la dragée haute à ses concurrents.
A signaler également que le carnet VIP de la FIAC 2011 a d’ailleurs bien fonctionné. Les collectionneurs, les «curators» des grands musées étrangers et leurs précieux «Trustees» qui financent les acquisitions et les expositions, sont venus du monde entier : du Guggenheim de New York , du Power Plant de Toronto, du Ludwig Museum de Cologne (fief des collections historiques d’art moderne), du Wiels archi-contemporain de Bruxelles, du MAMCO volontiers minimaliste et conceptuel de Genève. Mais aussi de Corée, grâce au relai engagé de l’Institut Français qui a travaillé avec l’ADIAF pour exposer les «Artistes du Prix Marcel Duchamp» au Musée national d’art contemporain à Séoul (200.000 visiteurs), après l’avoir fait au Mori Art Museum de Tokyo, au lendemain de la catastrophe de Fukushima (350.000 visiteurs).
Toutefois, tout n’a pas été rose non plus. En effet, toutes les oeuvres n’ont pas été vendues comme un Picasso « unique » de 1904 intitulé Vase de fleurs, et qui n’a pas trouvé preneur. Mais il est vrai que pour les pièces importantes, il faut du temps pour que la vente se fasse.
Je tenais également à féliciter l’artiste Mircea Cantor. Quelqu’un de très sympa avec qui j’ai eu une conversation très riche sur la Roumanie notamment. Le onzième prix Marcel Duchamp lui a été décerné.
Le jury a récompensé son œuvre « Fishing flies » lors d’une cérémonie organisée dans le cadre de la Fiac. L’artiste roumain succède ainsi à Cyprien Gaillard, le lauréat 2010.
Enfin, remerciement spécial à toute l’équipe du groupe Orange (Delphine Ernotte, Odile Roujol, Eric Barboza, David Lacombled, Fatima Rahil, Benoît Pernin,…) pour le partenariat technique.
Belle réussite pour Reed Expositions qui prouve son savoir-faire et son professionnalisme.
Rendez-vous l’année prochaine !
Un match titanesque.
Quelle frustration ! La France s’est inclinée d’un petit point en finale de la Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande (8-7), à l’Eden Park. Les Bleus, vaillants jusqu’au bout, échouent dans la quête du trophée Webb Ellis pour la 3e fois après 1987 et 1999. C’est le 2e titre pour les All Blacks.
L’équipe de France de rugby avait l’oeil du tigre en finale de la coupe du monde ! Elle a perdu mais avec les honneurs…
Et cela a commencé dès le haka des All Blacks.
copyright : reuters
Pourtant, la prestation du XV de France durant son parcours avait laissé craindre le pire pour la finale face à la Nouvelle-Zélande. Mais les Bleus ont su se montrer à la hauteur de l’événement malgré la défaite (7-8). Formidables d’engagement, les hommes de Marc Lièvremont ont su faire douter les Blacks de la première à la dernière minute et pourront nourrir des regrets.
Qu’importe, cette finale restera historique.
Le XV de France a fait honneur à nos couleurs. Bravo !
Haka de la finale et le V de l’équipe de France
copyright : tf1
Résumé de la finale France – Nouvelle Zélande
Paris est une ville de lumière, d’histoires et de légendes.
La légende de Nicolas Flamel est passionnante.
Vous ne connaissez pas Nicolas Flamel ? Si vous êtes un lecteur attentif des aventures d’Harry Potter, vous avez déjà croisé son nom ! Dans le roman, il est censé être l’ami de Dumbledore et possède la Pierre Philosophale. Pure invention ?
Pas tout à fait puisque Nicolas Flamel a bel et bien existé et qu’il est considéré comme l’un des grands alchimistes de son temps.
Il est né à Pontoise en 1330 où il acquit une solide instruction, décida de rejoindre Paris afin d’exercer les métiers de copiste, notaire et libraire.
Tout bascule le jour où un étranger lui vendit un livre pour deux florins. C’est ce Manuscrit d’Abraham le Juif, supposé contenir le secret de la fabrication de la Pierre philosophale qui allait changer sa vie et celle de sa riche épouse, Dame Pernelle. Il se transformera alors en alchimiste et vouera sa vie au décryptage du grimoire.
L’athanor = four des alchimistes et le vase philosophique. (Page manuscrite d’Abraham le Juif)
On ignore d’où lui provenaient ses revenus. Beaucoup pensent que son travail officiel d’écrivain-juré de l’Université ne suffit pas à expliquer sa fortune. On le soupçonne d’avoir pratiqué l’usure, la spéculation immobilière ou pire, d’avoir géré en sous-main les biens des juifs expulsés du Royaume. Sa recherche ne sera pas motivée par la cupidité mais par un élan spirituel.
Après trois années d’un labeur sans relâche, il atteignit enfin son but. Selon l’un de ses testaments, il serait parvenu à découvrir le secret de la Pierre philosophale, gage d’éternité, et le moyen de transformer le plomb en or, le 25 avril 1382.
D’après ses propres dires, Nicolas Flamel ne créa l’or que trois fois.
Ce qui est presque certain en revanche, c’est que Nicolas Flamel, aidé par sa femme Pernelle, accueillait des malades et les soignait. Lui et Pernelle vivaient modestement et utilisèrent leurs richesses pour aider leurs prochains. Nicolas Flamel a financé quatorze hôpitaux et construit trois chapelles, sept églises et quelques maisons.
En 1407, Flamel et sa femme, Dame Pernelle, font construire une maison de trois étages au 51 rue de Montmorency (Paris 3e arrondissement). Ils l’aménagent en auberge pour les pauvres, destinée à servir de refuge aux sans-logis de l’époque. En échange, ils leur demandaient seulement de dire quelques prières, comme en témoigne l’inscription sur la corniche, restaurée au début du xxe siècle.
On peut d’ailleurs toujours lire l’inscription qui invitait les pauvres à se présenter à eux : « Nous homes et femes laboureurs demourans ou porche de ceste maison qui fut faite en l’an de grâce mil quatre cens et sept somes tenus chascun en droit soy dire tous les jours une paternostre et un ave maria en priant Dieu que sa grâce face pardon aus povres pescheurs trespasses Amen« .
La maison du 51, rue de Montmorency présente aujourd’hui un double intérêt puisqu’elle fut d’une part le lieu de résidence de l’un des plus célèbres et des plus mystérieux des Parisiens, et qu’elle est d’autre part la plus ancienne maison de Paris : elle date de 1407.
copyright : Paris en photos
This is Paris’ oldest house, built in 1407. The alchimist and very good friend of Albus Dumbledore, Nicolas Flamel lived here.
« Il ne faut pas donner de crédit à Facebook pour les révolutions arabes. Ce sont les gens qui ont fait la révolution« .
Cette affirmation de Julien Codorniou (Directeur des partenariats France et Bénélux du réseau social Facebook) dans l’émission « des clics et des claques » sur Europe 1 (avec Laurent Guimier, David Abiker, Guy Birenbaum et Lise Pressac) démontre une parfaite méconnaissance de la situation (locale et géopolitique).
En effet, prenons l’exemple de l’Iran (qui n’est pas un pays arabe mais perse). Je la connais bien pour avoir des amis emprisonnés dans la prison d’Evin. Ils ont eu le tord de donner des rdv via twitter, d’informer via Facebook et d’envoyer une vidéo de la répression via Youtube.
Ainsi, l’élection présidentielle iranienne du 12 juin 2009 a reconduit au pouvoir, pour quatre ans, Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant. Les résultats officiels l’ont crédité de 62,6 % des suffrages exprimés contre 33,7 % pour son principal opposant Mir Hossein Moussavi. La participation s’élevant à 85 %, ce qui est considérable.
Cependant, les résultats sont très vite contestés par de nombreux Iraniens et par les autres candidats, en particulier Mehdi Karoubi et Mir Hossein Moussavi. Mir Hossein Moussavi évoque des « fraudes massives » et la falsification des résultats de l’élection. Il s’oppose par conséquent à leur proclamation.
D’importantes manifestations se déroulent dans les jours qui suivent et rassemblent des millions d’Iraniens, à Téhéran et dans tout le pays. Elles sont fortement relayées par les médias à travers le monde, à partir du moment où la répression fait des morts, que l’opposition dénonce et que les Iraniens font connaître grâce à internet, pour contourner la censure. La mort filmée d’une jeune fille, Neda Agha Soltan, donne un visage aux victimes de la répression. Les résultats officiels sont confirmés après une enquête demandée par le pouvoir religieux et malgré les demandes de l’opposition soutenue par de très importantes manifestations.
Cette élection a fortement marqué l’histoire de la République islamique d’Iran. Elle a donné lieu au plus important mouvement de contestation depuis la Révolution de 1979, tant par l’ampleur des manifestations que par leur répression. Elle a également marqué l’importance des nouveaux médias dans la vie politique iranienne (Internet, téléphones mobiles, réseaux sociaux…), largement contrôlés et censurés, mais dont certains ont réussi à passer la censure.
Internet, et plus précisément les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) ont contribué à l’organisation de nombreuses manifestations en Iran afin de renverser le régime. Les sites en ligne ont permis de diffuser des photos et des vidéos amateurs. Twitter, Facebook, et les divers blogs ont été des lieux pour recueillir et échanger des informations.
Surtout, Twitter et Facebook ont été utilisé pour organiser des manifestations. Chose impossible sans ces outils durant la répression du régime.
En 2005, l’Iran recensait déjà 700 000 blogs. Il y a aujourd’hui plus de 20 millions d’internautes. Ils se sont organisés.
Twitter en particulier a été un lieu de rassemblement central pendant ces protestations.
Le Département d’État des États-Unis a demandé à l’entreprise de reporter une mise à niveau du réseau qui aurait brièvement déconnecté le service. Twitter a retardé la modernisation du réseau parce que les événements en Iran ont été directement liés à l’importance croissante de Twitter comme moyen important de communication et d’information.
En effet, par l’usage de messages privés indétectables par le régime, des contacts ont pu s’établir pour manifester. Ces prises de contacts ont été déterminants.
Outre l’utilisation des sites de réseau social par des manifestants pour recueillir et échanger des informations, des individus à travers le monde ont utilisé ces sites pour obtenir des nouvelles et informations sur les événements en Iran et les relayer auprès des journalistes. En raison de la censure stricte des médias étrangers par le gouvernement iranien, les sites de réseaux sociaux sont devenus la principale source d’information via vidéos et témoignages lors des manifestations et des affrontements.
Bien que le rôle de Twitter soit considéré comme central dans les protestations par les vrais acteurs de la révolte, The Economist a estimé que Twitter était tellement inondé de messages de soutien des Américains et des Britanniques qu’il a rendu le site presque inutile en tant que source d’information. Le gouvernement iranien avait pourtant tenté de faire, en vain. The Economist a affirmé que les sources les plus complètes d’informations en anglais ont été créées par les blogueurs qui ont retiré des informations utiles de la masse d’informations.
Un groupe anonyme, avec The Pirate Bay, a même lancé un site de soutien (Anonyme Iran). Le site a attiré plus de 200.000 internautes dans le monde entier. Des échanges d’informations ont ainsi pu avoir lieu entre le monde et l’Iran, malgré les tentatives du régime à censurer.
Ainsi donc, certes ce sont les « gens qui font la révolution ».
Mais comment faire pour organiser des réunions sans être repéré par le régime ? Comment faire pour convenir d’une date et d’un lieu pour manifester sans être fiché puis arrêté par la police ? En effet, le téléphone ou le mail peuvent être facilement détectables par les renseignements généraux du régime. Contrairement à Twitter ou Facebook…
Dès lors, mes nombreux amis en Iran, avec qui je converse très régulièrement, me disent tous que Twitter et Facebook ont joué un rôle déterminant pour faire vaciller le régime islamiste.
Sans ces outils , il est impossible de faire tomber un régime totalitaire.
Le régime iranien n’est pas encore tombé contrairement à la Tunisie, l’Egypte ou la Libye mais ce n’est qu’une histoire de temps.
La démocratie et la liberté gagnent toujours.
Steve Jobs est mort le 5 octobre 2011 à 56 ans.
Ses traditionnels jeans et col roulé noir tranchaient avec l’incroyable succès de la marque à la pomme. Agé de 56 ans, Steve Jobs, cofondateur d’Apple, est mort mercredi. Sur le site du fabricant informatique américain, qui a annoncé son décès cette nuit, une photo en noir et blanc avec pour simple épitaphe : «Steve Jobs 1955-2011». sas_pageid=’2358/169376′; // sas_formatid=1278; // Format : rectangle 2 300×250 sas_target= »; // Targeting SmartAdServer(sas_pageid,sas_formatid,sas_target);
L’ancien directeur général de la firme avait cofondé la société en 1976 et en avait lâché les rênes le 24 août dernier.
«Steve est mort en paix aujourd’hui entouré de sa famille», écrivent ses proches dans un communiqué. Ils remercient «les nombreuses personnes qui ont partagé ses prières pendant la dernière année de la maladie» de ce visionnaire. Chef d’orchestre de tous les succès d’Apple – les ordinateurs personnels Macintosh, les baladeurs iPod, les téléphones iPhone et dernièrement les tablettes numériques iPad -, Steve Jobs souffrait de problèmes de santé graves depuis plusieurs années.
Sa citation : « Je patine vers l’endroit où le palet va être, et non vers là où il a été ». Et nous avons toujours essayé de faire cela chez Apple. Depuis le tout début. Et nous le ferons toujours. »
Voici son discours, en 2005, à Stanford.Un discours mémorable à l’attention des jeunes entrepreneurs.
Il y relate quatre expériences : l’abandon des sentiers battus de la fac, la création et son départ d’Apple, son opinion sur la mort comme vecteur de vie.
«C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.
La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ? Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse.
Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.
« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »
Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.
Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.
Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.
« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »
Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.
C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.
Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.
Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.
« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »
Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la gla-ce le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.
Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.
Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.
J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.
Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog, l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.
Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog. Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : « Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous. Merci à tous.»