Arash Derambarsh – A Courbevoie, une distribution d’invendus pour dénoncer le gaspillage (AFP)
Trois fois par semaine depuis décembre, une poignée de personnes rapplique à la fermeture pour récupérer un pain de mie, du chocolat ou des salades que les supermarchés ne peuvent plus proposer à la vente mais qu’on peut encore manger pendant quelques jours. Odette a les traits marqués par la vie. Ancienne fonctionnaire, elle touche une retraite de mille euros. La moitié part dans son loyer. « Je me passe de beaucoup de choses. Cette collecte, ça permet d’arrondir… Et c’est discret », dit la vielle dame dans son long manteau noir. Michel et Josiane, des sexagénaires à la retraite, sont ravis: ils ont récupéré des pommes de terre que Josiane va faire « rissoler ». Alexandrie, une mère de famille de 28 ans est venue avec ses enfants de 2 et 7 ans. « Pour eux je me mets à découvert, ils ont besoin de manger. Et pour moi, c’est riz-pâtes, mais ça va ». Cette grande dame dont le boubou vert dépasse de la doudoune marron est « agent à l’école ». Mais son mari ne travaille pas et le couple est perclus de crédits. Alors cette aide est bienvenue et il « faudrait le faire souvent l’hiver ».
– proposition de loi –
« Ceux qui se déplacent appartiennent à la classe moyenne. Les SDF ne viennent pas, ils restent terrés, il faut aller les voir directement », explique l’élu tout en gardant un oeil sur les retombées de ses tweets auprès de ses 107.000 abonnés.
Ce supermarché, le Carrefour market du centre commercial Charras, se prête au jeu en mettant à disposition quelques sacs remplis de vivres. L’un de ses responsables vérifie que tout se passe bien et les employés semblent ravis de ne pas devoir jeter toute cette bouffe comestible. Mais à 400 mètres de là, un autre supermarché, d’une autre enseigne, refuse toute distribution. Les denrées retirées des rayons sont stockées tous les soirs dans des grands conteneurs et sorties au petit matin juste avant l’arrivée des bennes à ordures.
« Le magasin ne veut pas s’embêter avec ça. Tous les matins, entre 10 et 20 kg de produits frais partent aux ordures », témoigne sous couvert d’anonymat un de ses employés. C’est justement pour éviter ce type de réaction que M. Derambarsh souhaite que la loi oblige les supermarchés à donner leurs invendus à des associations tous les soirs pour une redistribution aux plus pauvres.
L’homme, juriste au Cherche Midi éditeur, sera reçu mercredi à l’Assemblée pour en discuter avec Jean-Pierre Decool (apparenté UMP) qui a déposé une proposition de loi « contre le gaspillage alimentaire ».
« Ce que fait Arash est extraordinaire, on est au cul du camion, ça aide les gens à nourrir les gosses », témoigne Bruno Gaccio pour qui l’initiative, en rien politique, se situe dans la lignée des appels lancés en leur temps par « l’abbé Pierre » et « Coluche ».
28/01/2015 10:57:26 – Courbevoie (France) (AFP) – Par Stéphane JOURDAIN – © 2015 AFP
Arash Derambarsh – AFP – Courbevoie |
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